dimanche 10 février 2013

Indie Spirit


Dans un monde blockbusté où l'Arbre cache encore un peu la forêt, où le bœuf ne se rappelle plus qu'il fut autrefois une grenouille, où les programmeurs ont perdu le talent de coder le plus en écrivant le moins, où les éditeurs semblent avoir épuisé leurs réserves de gameplay en remplaçant ces derniers par des arômes binaires et leur storyline par du Soleil Vert, où rien ne sert de programmer il faut imaginer à point, où la statistique individuelle, accompagnée de son petit shot d'écran rogné avec Photoshop, a dévoré le plus simple plaisir d'un petit moment coop sans enjeu particulier, où l'innocence, la découverte ont cédé le pas aux mondes ébouillantés du Third Person screen, où le Blu-Ray règne temporairement en maître jusqu'à nous avoir fait oublier qu'un jour, il y a bien longtemps, on se passait sous le coude de vieilles bandes magnétiques et des progs 8 couleurs à 5 kilo-octets... il existe depuis toujours, underground, une énergie plus solitaire, naturellement décalée et un brin nerdienne, à mille atomes des modèles préfactorés qui inondent nos DD... l'esprit indépendant.


Pour la parcourir autant que je peux, cette scène indie est autrement plus foisonnante encore que les quelques cas binaires que je pourrais présenter ici. Je me suis ainsi attelé à présenter surtout les jeux qui me tiennent à cœur, qui détiennent un charme, un petit secret ou un gameplay spécifique, et qui m'ont paru réellement aboutis, plus que d'autres qui parfois n'apportaient rien de très novateur ou dont l'idée ou la réalisation n'était pas suffisamment affinée à mon sens.
Beaucoup de projets indépendants ne verront jamais le jour, soit par manque de moyens, soit parce que leur créateur a l'inconsciente vocation d'uniquement explorer des pistes, de tenter des expériences, mais pas forcément d'intéresser un très grand nombre d'entre nous. Si tenté qu'ils arrivent au bout du chemin, que leur sourcier arrive à en achever la mécanique, nous nous dirons peut-être, pour certains, qu'ils ne ressemblent pas toujours à grand chose. Mais ils existent. Comme chacun d'entre nous. Et l'intérêt autre que commercial demeurera à la fois singulier et très personnel, l'idée étant parfois de vivre des émotions particulières, de perdre nos repères habituels et de nous laisser emmener ailleurs... plus que d'arriver au bout de quelque chose.

A ce titre, Journey cité dans mon premier post, reste l'un des moments les plus délicieux que j'ai passé sur ma PS3. Il arrive de temps à autre que j'y retourne,  le temps d'un voyage, et que j'espère à nouveau y croiser un compagnon complice et tranquille... Hello Enna-Slime...


Dans une période où les studios et les éditeurs tentent de survivre, où les joueurs préfèrent acheter leurs jeux en passant par le marché de l'occasion en boutique ou online, le dématérialisé est en train de trouver aussi sa place pour des petites productions qui n'auraient sans doute jamais vu le jour autrement. 
L'équipe de Thatgamecompany peut ainsi en témoigner, via le store où elle a trouvé son préambule à ce qu'elle est aujourd'hui, passant ainsi de deux passionnés à une équipe d'environ quinze personnes. Voici deux liens pour approcher encore un peu l'univers de Journey :

 

Certains jeux ont pu toucher le Graal, d'autres auront eu simplement un soupçon de reconnaissance, une petite lumière déposée sur leur code-source, d'autres seront rangés dans le cœur d'une vieille page web ou effacés de la mémoire de leur créateur...

Adorant l'esprit de genèse, je me plierai dans les prochains posts à aborder la création de jeu vidéo indépendant, tout comme je tenterai de vous sensibiliser à certains d'entre eux en faisant une petite revue générale des troupes...
Pour débuter, en patientant des crûs plus audacieux, prenons quelques mots pour parler d'un vidéogame portant le nom de Kairo, sorti aux Etats-Unis début octobre 2012, qu'un certain nombre d'entre auront patienté quelques temps...

 
Comme toujours, le monde du jeu video indépendant repointe son nez pour nous offrir une création sortant forcément de l'ordinaire. Après Antichamber dont je parlerai d'ici peu et qui nous a fait déambuler dans son labyrinthe chronométré, voici donc Kairo, un 3D puzzle-game sorti de l'imagination de Richard Perrin.

 
Il n'y a pas de lien particulier entre les deux, si ce n'est peut-être de naviguer dans un espace atypique voire simplement hors-champ sur les plans graphique et cognitif. Où, comment, pourquoi ? Kairo nous emmène dans un monde aux graphismes épurés et relativement simplistes, dans de grandes salles sans textures où il faudra trouver l'astuce, le mécanisme qui permettra de créer une énergie, débloquer un passage, un flux, pour nous amener ensuite à poursuivre toujours un peu plus loin, vers une autre section.

Objet non identifié qui "se revendique" proche de Myst, Kairo a ainsi pour but de redonner vie à d'étranges machines antiques dont les mécanismes nous conduiront à découvrir au fil de l'histoire le destin du personnage que l'on contrôle. Ce n'est pas à proprement dit un Point'n Click, les commandes se limitant essentiellement à marcher, courir et sauter si nécessaire, et pousser des volumes ou des barres de commande.








Si les premiers instants du jeu se nourrissent avec plaisir du mystère qui semble nous faire face, on finit, au fil du temps, par se rendre compte que l'ensemble s'avère un peu trop minimaliste et abstrait, tout comme l'atmosphère sonore qui l'encadre, et que ce n'est pas forcément si fouillé qu'on pouvait l'espérer ni si complexe que cela pouvait en avoir l'air. 
L'intérêt du tout début, notamment graphique, finit par s'étioler au gré d'un pseudo dédale qui demande néanmoins quelque réflexion pour en comprendre les tournures logicielles (à noter que le jeu propose trois semi-aides par "salle" qui peuvent aider sans pour autant réellement indiquer la complète marche à suivre pour résoudre les énigmes proposées).
Même s'il tente régulièrement de nous faire tourner la tête, Kairo ne tient donc pas la promesse que ses screenshots laissaient espérer. Puzzle maze un peu creux et parfois sans réelle signification, qui charme à certains endroits mais qui lasse tout autant à d'autres, il reste entre deux eaux et ne trouve guère de justification dans la finesse trop simple de ces grands décors soi-disant antiques... Cela ne l'empêche pas néanmoins de piquer de temps à autre notre curiosité et d'intriguer notre pensée. Ceux qui apprécient les univers atmosphériques en suspens et les étrangetés cubiques y trouveront sans doute leur compte. Trois, quatre heures pourront suffire à toucher le grey level de fin si vous courez vite. Deux heures de plus si vous prenez votre temps en collectant notamment les glyphes disséminées un peu partout dans ce labyrinthe somme toute assez linéaire.
Pour un titre développé par un unique créateur, Kairo est loin d'être un leurre et reste un sympathique passe-temps. Reste juste à penser qu'avec un peu plus d'ambition, le titre aurait pu vraiment entrer dans une toute autre dimension...

Site de l'auteur.
Bande-son composée par Bartosz Szturgiewicz.  

Kairo est disponible sur PC et Mac, et devrait prochainement trouver sa voie sur Android.






Psss... J'allais oublier...
D'ailleurs, j'ai oublié... Oops...



Kairo Zen...
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